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LES NIETZSCHÉENNES

quoi que ce soit ; pouvait-elle se douter qu’elle aimerait sincèrement (pour combien de jours) ce Valentin qui lui revient ? Va-t-elle enfin connaître la pudeur, acquérir un peu de vice ? Le vice, n’est-ce pas le plus bel apport du christianisme, ce qui distingue la femme actuelle des Grecques et des Romaines, le vice qui donne à la beauté sa valeur métaphysique ?

Mais, passée cette petite attaque de sentiment provoquée par la mort d’un amant, elle redeviendra l’Inconstante qu’elle est par définition. En somme, elle est ce que l’ont faite son hérédité un peu exotique, un milieu intelligent et païen» et ses lectures saines. Elle vit, laissant par négligence ou indolence s’épanouir, à leur gré, toutes les roses de ses instincts, au lieu de les pincer à leur naissance, pour n’en laisser croître qu’une, monstrueuse, unique, surhumaine, ce qui serait réellement nietzschéen. Les Saints et les Philo-