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Tous les marbres, tous les bronzes, grâce aux effluves qui fascinent,

Se baignant, s’animant, seraient à moi dans la mer,

s’il avait vu jadis « le Pied fort et léger marcher sans peur sur les eaux ».

Dans un autre poème encore : Jardin d’Italie, Laurent Evrard a mis toute la concision artistique de son talent. En même temps que les mots savamment accordés y jouent leur harmonie nécessaire, leur sens précis ajoute à cette musique révocation même de ce jardin, recréé par l’art du poète.

Le jardin san-Vital est somptueux et maudit :
Les verdures y moisissent avec des miasmes d’épouvante,
Il y monte un secret et des parfums érudits
Pleins de choses mémorables et de menaces émouvantes.
………
Sous la treille en tonnelle où dort le fruit, deux Romains
Violentent leurs Sabines parmi les feuilles de citrouilles.
Le plus noble arrondit un bras pompeux et sans main.
Sur eux tombe par bavures un jour de ruines et de rouilles.
………