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C’est dans la culture de l’amour, cette perpétuelle analyse de soi-même, que cette Muse trouvera la plénitude de son être. Ceux que nous aimons nous apportent ce qui nous manque : ils nous complètent ; leurs gestes, leur parfum, la couleur de leurs yeux, le timbre de leur voix nous mettent, physiologiquement, dans un état de parfaite béatitude, comme si, par leur seule présence, nous nous trouvions plongés dans la lumière la plus favorable à notre organisme. C’est que l’amour, en ses minutes de mutuelle concordance, donne à la chair, à l’être tout entier, un rythme parfait. Ceci explique que les poètes ne chantent jamais le bonheur dans l’amour ;