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ôtant ainsi à cette poésie son charme de mystère :

Telle une douce pomme rougit à l'extrémité de la
branche, à l’extrémité lointaine : les cueilleurs de
fruits l’ont oubliée ou, plutôt, ils ne l’ont pas oubliée,
mais ils n’ont pu l’atteindre.

Au bout de quelques strophes, Renée Vivien nous impose cette interprétation, que la poétesse grecque nous laissait plus savamment deviner :

La savante ardeur de l'automne recèle
Dans ta nudité les ombres et les ors.
Tu gardes, ô vierge inaccessible et belle,
Le fruit de ton corps.

Mais, cette restriction faite, les poèmes de Sapho furent, pour Renée Vivien, un stimulant de son imagination ; et davantage encore : dans la digne sérénité de la poétesse grecque, la muse française a trouvé le beau courage de chanter à