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ne peut s’empêcher de songer à Baudelaire, par cette perversité voulue et par cette sérénité et cette perfection, voulues aussi, de la forme, quelques subtilités sentimentales plus actuelles nous rappellent Verlaine, le Verlaine qui chanta les Amies. La poétesse s’écrie sur le mode verlainien :

Et comment jamais retrouver
L’identique extase farouche !

Et puis voici quelques strophes d’une chanson, qui exprime cette timidité craintive devant l’amour que Verlaine a dite, tant de fois :

J’ai peur de ce frisson nacré
De tes frêles seins, je ne touche
Qu’en tremblant à ton corps sacré,
J’ai peur du charme de ta bouche,
… Mais, quand, si blanche entre mes bras,
À mon cri d’amour qui se pâme
Tu souris et ne réponds pas,
Tes yeux fermés me glacent l’âme…
J’ai peur…