Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
muses d’aujourd’hui

L’orage, qui mêle la terre et le ciel et devient un immense spasme d’amour :

Mais la terre et le ciel, comme un couple qui s’aime
Et qu’une étreinte aiguë âprement martyrise,
Soudain sont parcourus par un grand frisson blême :
À force de chaleur, la lumière se brise.

Et partout la remplace un hâve tremblement ;
Tout se pâme et jouit :
La terre dont frémit le grand cœur véhément,
Le soleil secoué par un spasme inoui.

Comme elle dédaigne les logis étroits « qu’on dresse et qu’on décore » ! C’est « le soleil, les parfums et le vent » qu’elle habite :

Ma maison ? C’est du ciel. Mon amant ? C’est l’amour.

Et elle veut oublier « le labyrinthe où s’égarent les pas poursuivant l’amour humain ». Et c’est dans cette transposition panthéiste de l’amour qu’elle trouve un vaste bonheur qui la subjugue. Pas de déceptions, puisque son amant est le