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marie dauguet

Dauguet, nous donne la formule définitive de cette philosophie, de cet amour de la vie. Enfin ! voici un livre de vers qu’une femme seule pouvait écrire, un livre dont la sensualité est vraiment féminine. La poétesse ne s’élance pas vers la nature, elle s’ouvre à elle, avec le désir d’être violentée par son mystère. Ce que Marie Dauguet n’avait qu’insinué dans ses premiers volumes, elle le clame ici avec une sorte de poétique impudeur. La chasteté, la mysticité sont toujours une transposition de sensations physiques : lorsque la chair est calme, le cerveau brûle, l’intelligence flamboie. La chasteté est de la lubricité sans échappatoire ; la luxure est l’échappement de la sensualité ; la chair devient pure et sans désir. La poésie peut être l’expansion de la sensualité, en vérité elle peut être de la sensualité, plus belle d’être refrénée, de flamber intérieurement.