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marie dauguet

Calme, de la nuit pend au long des noirs chevrons,
Plane et traîne sa paix, de cendres imprégnée,
À travers le vitrail des toiles d’araignées
Dont un rai de soleil fait trembler les fleurons.

La pensée, dans cette solitude, échappe au temps, et cette impression, inexplicable plus nettement, est ici notée avec le rythme qui lui donne une réalité :

Et l’instant qu’on respire est déjà du passé
Qui coule en frissons doux comme l’eau sous la roue.

Dehors, c’est l’orchestration des parfums, dont « la lourdeur nous hallucine », et cette odeur du soir mouillant les grappes des glycines

De son imperceptible averse.

Mais voici une évocation plus subtile encore :

Et des taillis tout dégouttants d’humilité
Montaient aux lèvres une odeur de nudité…

Voici la lune « avec ses cheveux froids ». Marie Dauguet ne décrit pas, elle tente de se