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pour le convaincre que ce mot générique s’appliquait aux deux sexes, lui citer toutes sortes de textes bibliques et ecclésiastiques. Cette anecdote que les érudits catholiques ont voulu ramener à une discussion philologique demeure assez obscure, mais rien ne prouve absolument qu’il n’y avait pas, dans l’esprit du brave évêque, je ne sais quel doute sur l’essence de la femme. En tout cas, la question, ou ne fut pas discutée au concile même, ou n’a laissé aucune trace écrite, ce qui n’empêche pas la légende d’avoir une origine légitime. Bien des légendes reposent sur une base encore moins solide. Si d’ailleurs les écrivains ecclésiastiques ne discutèrent jamais un tel sujet, ils ne perdirent aucune occasion de clamer leur mépris pour la femme, « confusion de l’homme, bête inguérissable, rose fétide, paradis lamentable, etc. » La légende ne repose pas sur un fait, soit, mais elle repose sur un état d’esprit, qui devait étonner plus tard ceux qui le découvrirent. Mais quant à s’en servir contre l’Église, il y faut bien de la naïveté et je crois que l’époque en est passée.


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