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donner à chaque instant de sa vie, mais se donner en restant la maîtresse. À vrai dire, c’est moi qui ajoute ce second terme, qui s’applique si bien, joint au premier, à la femme de France. Mme Myriam Harry ne souhaite à la femme que la tendresse et le milieu où elle puisse employer cette qualité profonde qui domine, dit-elle, toute sa psychologie. Voici donc une femme distinguée, libre d’esprit, qui veut que la femme de demain ressemble à la femme d’hier, à la femme éternelle. C’est ce qui arrivera, sans l’ombre d’un doute, à moins que l’on ne croie que quelques paroles suffisent à changer une physiologie. Ne confondons pas, d’ailleurs, la femme exceptionnelle qui s’efforce, en y réussissant souvent assez mal, à n’obéir qu’à son intelligence et le troupeau féminin qui sera toujours dirigé par sa sensibilité et rejeté éternellement, qu’il le veuille ou non, vers cet ennemi qu’est l’homme, cet ennemi sans lequel la femme n’est qu’une déracinée du cœur.


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