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tomes de son apologie se succédaient comme des éboulements périodiques, et à chaque masse de terre ou de copie qui s’écroulait, la réputation de l’homme était enfouie plus profondément. Il ne le savait pas, il continuait ses terrassements et croyait s’élever un monument. Était-il un homme plus antipathique ? Je ne le crois pas. Pour moi, je n’ai jamais pu lire sa signature ou l’annonce de ses interminables tomes sans dégoût. On a dit que ce n’est qu’un homme qui s’est trompé et qui eut trop de confiance. Oui, en effet, il s’est trompé pendant quarante-trois ans et il eut pendant quarante-trois ans une épouvantable confiance en lui-même. Il est évident qu’à aucun moment de ces longues années, il n’a senti l’horreur de son mot. Cela fait du moins comprendre le perseverare diabolicum. Mais était-il même un homme diabolique ? Non. Ce n’était qu’un imbécile.


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