Page:Gourmont - Le Puits de la vérité, 1922.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelques drames philosophiques, il rentrait dans une de ses natures les plus sincères et les plus spontanées. Celui que nous appelons le vrai Renan était peut-être un Renan façonné à l’extrême par la volonté. Livré plus à lui-même, il aurait eu plus de fantaisie, se serait laissé aller à plus de variété. On étudiera peut-être un jour les influences qui ont eu prise sur son esprit et je pense qu’alors on ne négligera pas celle de Flaubert qui, de temps en temps, lui imposait quelque lecture bien peu romanesque. Ne lui recommanda-t-il pas un jour un roman de Zola, La Conquête de Plassans, qui lui avait monté à la tête ? Flaubert et Renan s’aimaient beaucoup et je crois bien que vers la fin Renan était le seul écrivain pour qui Flaubert eût une estime totale. Des inédits de ces deux-là, on ne se lassera jamais.


_______