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le renforça. Ces mariages, qu’on appelait aussi mariages de conscience, étaient pratiqués par les ecclésiastiques aussi bien que par les laïques. Pour n’en citer qu’un exemple authentique, l’abbé Perrin, le mauvais poète, la victime de Boileau, était marié secrètement. Cela ne scandalisait pas autrement les contemporains, qui, dans tous les cas, préféraient supposer un mariage de conscience plutôt que le concubinat. La loi de discipline ecclésiastique qui interdit le mariage aux prêtres a toujours été en France plus ou moins contestée, quant à sa valeur absolue ; elle l’était encore, ces jours derniers, par un vicaire en exercice, à Paris, l’abbé Claraz, qui, dans un livre amer, la malmène violemment. N’a-t-on pas appris, il y a deux ans, que le chanoine Perraud, frère de l’académicien évêque d’Autun, était secrètement marié ? Lui aussi avait suivi la vieille tradition française et gallicane du mariage de conscience. La question du mariage secret de Bossuet et de Mlle de Mauléon est donc un problème et non pas, quoi que puissent dire les ignorants, un scandale.


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