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ce qui est peut-être exagéré. Non, c’est du vivant d’un Balzac, d’un Gautier ou d’un Stendhal qu’il faut savoir les apprécier et non quarante ou soixante ans après leur mort, et de cela, elle est toujours incapable, autant, pas beaucoup plus, que le public lui-même. Sainte-Beuve, qui fit quelques confidences sur la chose académique, estimait à six, dont deux très douteuses, les voix qu’aurait pu se concilier Théophile Gautier, avec une diplomatie dont il était bien incapable, en faisant agir les hommes les uns sur les autres, surtout les femmes, en se démenant de salons en salons. « Voyez-vous, disait-il aux Goncourt, une élection, c’est une intrigue, oh ! une intrigue dans le bon sens du mot… » L’ami des académiciens croit-il que cela ait beaucoup changé ? Ce serait dommage. Quel mérite auraient donc les académiciens ? On sait au moins qu’ils en ont un, quand ils ont franchi la porte. C’est d’avoir trouvé le mot magique auquel obéit la serrure. C’est très difficile et cela vaut bien un fauteuil.


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