Page:Gourmont - Le Puits de la vérité, 1922.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.



ILLUSIONS ACADÉMIQUES



« Sans doute, disait hier un familier des académiciens, Théophile Gautier, quand il tenta de se présenter à l’Académie française, n’en reçut pas un accueil très encourageant, mais les temps sont bien changés, et s’il se présentait maintenant, sa candidature ne rencontrerait aucune objection. » Cette sorte de raisonnement est vraiment trop académique et cette manière posthume de réparer ses erreurs ne semblera pas très satisfaisante. On pourrait faire la même hypothèse avec Molière, avec Diderot, avec Balzac et tous ceux qu’Arsène Houssaye fit défiler dans le quarante-et-unième fauteuil, aussi avec quelques autres, plus récents, et cela ne prouverait nullement que l’Académie, en des circonstances analogues, ne recommencerait pas les mêmes bêtises. La belle malice de ne pas se tromper maintenant sur la valeur d’un Balzac ou d’un Gautier ! On ne peut supposer cela, à moins de supposer aussi qu’il y a sous la coupole une majorité d’idiots,