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LA JEUNESSE



À intervalles assez réguliers une jeunesse se révèle différente de ses aînés. Ils n’aimaient pas le mouvement et elle se voue aux sports ; ils avaient l’esprit tourné à la philosophie et à la science, elle retourne aux idées religieuses ; ils suivaient une politique de réformes sociales, elle s’oriente vers le passé et rêve de Louis XIV. Et tous les gens à courte vue qui méditent sur cette phase de réaction, ne manquent jamais de la croire définitive, en même temps qu’ils la croient de la plus haute importance. La vérité est que ces directions de la jeunesse sont généralement fort passagères et qu’il n’en résulte rien de durable. C’est une mode qui permane le temps d’une mode, celui d’une saison. La jeunesse vieillit très vite. Elle a atteint l’âge de raison, l’âge de la stabilité et du désintéressement, et ses idées, qu’elle vantait avec fougue, elle ne les défend plus qu’avec une sagesse dénuée d’enthousiasme. Cependant, derrière elle vient une autre jeunesse, qui tient, elle aussi, à