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se peut aussi que l’on se trouve, en ce qui concerne en particulier les Bulgares, centenaires invétérés, en présence d’une race réfractaire à l’usure, martelée dans un métal spécialement solide. J’ai peut-être tort, mais je ne crois pas beaucoup aux régimes et le lait bulgare n’est pas autre chose qu’un régime. Jusqu’à ces derniers temps, où l’élevage intensif en a fait disparaître l’usage, on en consommait beaucoup en Basse-Normandie, où les centenaires ont toujours été très rares et où les maladies ne le sont pas du tout. Je serais plutôt incliné à attribuer la longévité des Bulgares à la frugalité de leur vie en même temps qu’à la résistance de leur tempérament initial. On pourrait même dire qu’il faut qu’il soit joliment vigoureux ! Du lait caillé et encore et toujours du lait caillé, si ce n’est vraiment qu’à ce prix qu’on devient centenaire, c’est un peu cher. Et puis, est-ce bien utile ? Mais je m’arrête, pour ne pas faire de peine à M. Metchnikoff.


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