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LA MARRAINE DE L’AMÉRIQUE



Les premiers voyages de Christophe Colomb n’avaient pas eu grand retentissement, même en Espagne. Lui-même ne savait pas qu’il avait découvert un nouveau continent, croyait avoir abordé en Chine ou dans l’Inde, ce qui explique le nom donné aux habitants. Ce n’est qu’à son troisième voyage qu’il toucha aux côtes de l’Orénoque. Or, dans le même temps, America Vespuce visita les côtes du Venezuela, puis du Brésil, et ces voyages furent bien plus célébrés que celui de Colomb et arrivèrent à la connaissance de quelques obscurs savants qui se réunissaient à Saint-Dié en une petite académie protégée par René II, duc de Lorraine. Ces savants, dont les noms figurent depuis quelques jours sur une plaque de marbre blanc, s’occupaient précisément à faire imprimer la Cosmographie de Ptolémée. Quand ils surent la nouvelle qu’un nouveau continent venait d’être découvert, ils rédigèrent en hâte une préface où cela était annoncé au monde. Comme ils ne connais-