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latines, avec lesquelles pourtant nous n’avons qu’une sympathie de surface. Or, de tout cela nous avons peut-être tiré tout ce qui nous était possible. Puisque nous sommes un peuple imitateur, pourquoi ne tenterions-nous pas d’imiter autre chose que l’éternel parangon gréco-latino-italien ? Que d’enseignements (nous serons toujours de vieux écoliers) dans cet art égyptien à la fois brutal et délicat, réaliste et stylisé, parfait et pourtant inachevé ! Il n’est jamais tombé dans la folie grecque, de rechercher le beau pour lui-même, ce qui est trop facile et tourne vite au procédé. Il chercha la vérité et l’expression, et trouva la beauté par surcroît, presque nécessairement, le beau n’étant que la convenance suprême et l’accord harmonieux des parties. Si nous essayions de refaire notre éducation artistique d’après ces principes, ou plutôt cette heureuse absence de principes ? Je n’ajouterai pas qu’en peinture les balbutiements cubistes s’inspirent de cette tendance. On ne me croirait pas.


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