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LES LICORNES
Après cette crise, Hyacinthe m’ayant pardonné, — avec presque l’étonnement que
j’eusse besoin de pardon, — nous entrâmes
résolument dans la forêt mystique, où ne
vivent nulles autres notables bêtes que les
peureuses licornes. Comme elles fuyaient devant
elle, secouées par de grands airs dédaigneux,
ce fut pour mon amie une occasion excessivement propice de regretter sa virginité. Je
lui fis comprendre qu’il y avait un mérite évident en tel regret, une dorure très fine pour
son âme fanée, une parure de repentir peut-être supérieure même à l’intégrité perdue,
et elle consentit à offrir à Jésus l’oblation des
plaisirs où elle avait compromis la native
candeur de sa toison.