LE FANTÔME p.29 n’as ni tranchant ni pesanteur. Nous sommes plus intouchables que la trace de l’oiseau dans l’air et plus invisibles que l’odeur des roses. Je veux bien t’aimer, ô sœur folle, mais va te vêtir, que je te voie I Répons. — Mais tu es nue, pauvre âme, aussi essentiellement nue que moi-même, et eut n’est que métaphore. Si je revêts mon corps, que feras-tu de mon corps, et de quels yeux contempleras-tu mes yeux ? Antiphone. — L’essence est essentielle et la forme est formelle, mais la forme est la for- malité de l’essence. Cantique. — Nous mettrons les sept roses aux sept clefs de la viole et l’arc-en ciel sera les cordes. Respire mon odeur, ô cœur, je suis odo- rante et mourante, la mort des roses en est la cause. Respire mon haleine, ô reine, je suis amou- reux et peureux, j’ai peur de ton bonheur, ô fleur !
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