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Aux matines de notre amour le ciel fut blanc et miséricordieux : les mamelles sidérales épandaient vers nos lèvres le lait très intègre du premier rafraîchissement, et vers nos yeux, les prunelles polaires, la grâce d’une lumière équivalente à la transparence de nos désirs.

Notre éveil avait été par des cloches qui sonnaient délicieusement en nos têtes et nous appelaient hors de nous : elles sonnaient en nos têtes et au-dessus de la ville, comme tous les jours, et cependant nous ne fûmes pas dupes de l’habitude des cloches crépusculaires. Nos âmes obéissantes et joyeuses se rendirent aux irrévocables matines : les corps frileux attendaient encore encapuchonnés de