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Elle est dans son château, cœur las et fatigué,
Elle est dans son hameau, cœur enfantile et gai,
Elle est dans son tombeau, semons-y du muguet,
Ô gué, la Marguerite.


Et cela est presque aussi pur que les Cydalises de Gérard de Nerval,


Où sont nos amoureuses ?
Elles sont au tombeau ;
Elles sont plus heureuses
Dans un séjour plus beau…


Et presque aussi innocemment cruel que cette ronde que chantent — et que dansent — les petites filles.


La beauté, à quoi sert-elle ?
Elle sert à aller en terre,
Être mangée par les vers,
Être mangée par les vers…


M. Vielé-Griffin n’a usé que discrètement de la poésie populaire — cette poésie de si peu d’art qu’elle semble incréée — mais il eût été moins discret qu’il n’en eût pas mésusé, car il en a le sentiment et le respect. D’autres poètes ont malheureusement été moins prudents et ils ont cueilli la rose-qui-parle avec de si maladroites ou de si grossières mains qu’on souhaite-