Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GUSTAVE KAHN


Domaine de Fée, un Cantique des cantiques récité par une voix seule, très douce et très amoureuse, dans un décor verlainen, — ô éternel Verlaine !


Ô bel avril épanoui,
Qu’importe ta chanson franche,
Tes lilas blancs, tes aubépines et l’or fleuri
De ton soleil par les branches,
Si loin de moi la bien-aimée
Dans les brumes du nord est restée.


Voilà le ton. C’est très simple, très délicat, très pur et parfois biblique :


J’étais allé jusqu’au fond du jardin,
Quand dans la nuit une invisible main
Me terrassa plus forte que moi —
Une voix me dit : C’est pour ta joie.