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tives un peu intempérantes de M. Charles Maurras, doivent étudier l’art classique de faire difficilement des vers faciles. En voici une page :


Astre brillant, Phébé aux ailes étendues,
Ô flamme de la nuit qui croîs et diminues,
Favorise la route et les sombres forêts
Où mon ami errant porte ses pas discrets !
Dans la grotte au vain bruit dont l’entrée est tout lierre,
Sur la roche pointue aux chèvres familière,
Sur le lac, sur l’étang, sur leurs tranquilles eaux,
Sur les bords émaillés où plaignent les roseaux,
Dans le cristal rompu des ruisselets obliques,
Il aime à voir trembler tes feux mélancoliques.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .



Phébé, ô Cynthia, dés sa saison première,
Mon ami fut épris de ta belle lumière ;
Dans leur cercle observant tes visages divers,
Sous ta douce influence il composait ses vers.
Par dessus Nice, Éryx, Seyre et la sablonneuse
Ioclos, le Tmolus et la grande Épidaure,
Et la verte Cydon, sa piété honore
Ce rocher de Latmos où tu fus amoureuse.


M. Moréas a beau, comme sa Phébé, prendre des visages divers et même couvrir sa face de masques, on le reconnaît toujours entre ses frères : c’est un poète.