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forêt de Tiffauges, ni la cruelle Messe noire, ni aucun des « morceaux » ne sont déplacés ou inharmoniques ; pourtant, avant la liberté du roman on les eût critiqués, pas en eux-mêmes, mais tels que non rigoureusement nécessaires à la marche du livre. Par bonheur, le roman est enfin libre, et pour dire plus, le roman, ainsi que le conçoivent encore M. Zola ou M. Bourget, nous apparaît d’une conception aussi surannée que le poème épique ou la tragédie. Seul, l’ancien cadre peut encore servir ; il est quelquefois nécessaire, pour amorcer le public à des sujets très ardus, de simuler de vagues intrigues romanesques, que l’on dénoue selon son propre gré, quand on a dit tout ce que l’on voulait dire. Mais l’essentiel de jadis est devenu l’accessoire, et un accessoire de plus en plus méprisé : très rares sont à l’heure actuelle les écrivains assez ingénieux ou assez forts pour se soutenir en un genre aussi démoli, pour éperonner encore avec assez d’autorité la cavalerie fatiguée des sentimentalités et des adultères.

D’autre part, l’esthétique tend à se spécialiser en autant de formes qu’il y a de talents : parmi beaucoup de vanités, il y a d’admissibles