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longtemps, comme sous des roses, toutes les autres revendications du romanesque sexuel.

Ce n’est pas, quoique l’apparence ait trompé les critiques, jeunes ou vieux, un roman historique, tel que Salammbô ou même Thaïs. La parfaite connaissance que M. Pierre Louys a des religions et des mœurs alexandrines lui a permis de vêtir ses personnages de noms et de costumes véridiquement anciens, mais il faut lire le livre dépouillé de ces précautions qui ne sont là, ainsi, qu’en plus d’un roman du XVIIIe siècle, que le paravent brodé d’hiératiques phallophores derrière lequel s’agitent des mœurs, des gestes et des désirs d’un incontestable aujourd’hui.

Par la vulgarisation de l’art l’amour nous est enfin revenu du nu. C’est à l’époque de la floraison du calvinisme que le nu commença d’être proscrit des mœurs et qu’il se réfugia dans l’art qui seul en garda la tradition. Jadis et encore au temps de Charles-Quint, il n’y avait pas de fêtes publiques sans théories de belles filles nues ; on craignait si peu le nu que les femmes adultères étaient promenées nues par les villes ; il est hors de doute que, dans les mystères, tels