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celui qui écrit, et toute la littérature, c’est-à-dire toute la philosophie, peut surgir aussi bien à l’appel d’un chien écrasé qu’aux exclamations de Faust interpellant la Nature : « Où te saisir, ô Nature infinie ? Et vous, mamelles ? »

L’auteur de Tout Bas et de Presque aurait pu, tout comme un autre, agencer ses méditations en dialogues, ordonner son sentiment selon des chapitres coupés au hasard du tranche-lignes, insinuer en de faux-vivants personnages un peu de vie gesticulée et leur faire exprimer, par d’appréciables agenouillements sur les dalles d’une église connue, la vertu d’une croyance méconnue : en somme rédiger « le Roman du Mysticisme » et vulgariser pour les « journaux littéraires » la pratique de l’oraison mentale. Ses livres par ce moyen lui auraient acquis une popularité, qui certes lui manque, car si peu d’écrivains sont aussi estimés, peu, parmi ceux dont le talent est évident, sont moins répandus et moins sur les tables. Mais pour nous intéresser, et presque toujours excessivement, M. Poictevin dédaigne tout artifice hors l’artifice du style, piège où il nous est agréable de tomber. Qu’il note les nuances