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meuré vivant à l’état presque de locution usuelle :


Avec l’assentiment des grands héliotropes.


Des strophes du Bateau ivre sont de la vraie et de la grande poésie :


Et dès lors je me suis baigné dans le poème
De la mer, infusé d’astres et latescent,
Dévorant les azurs verts où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend,
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que vos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour.


Tout le poème a de l’allure ; tous les poèmes de Rimbaud ont de l’allure et il y a dans les Illuminations de merveilleuses danses du ventre.

Il est fâcheux que sa vie, si mal connue, n’ait pas été toute la vraie vita abscondita ; ce qu’on en sait dégoûte de ce qu’on pourrait en apprendre. Rimbaud était de ces femmes dont on n’est pas surpris d’entendre dire qu’elles sont entrées en religion dans une maison publique ; mais ce qui révolte encore davantage c’est qu’il semble avoir été une maîtresse jalouse et passionnée : ici l’aberration devient crapuleuse, étant sentimentale. L’homme qui a parlé le plus librement de l’amour, Senancour, dit de ces