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Les laridons en cercle attendent près du four,
On entend vaguement la chair rance bruire,
Et les soiffards aussi sont là, tendant leur buire,
Le marmiteux grelotte en attendant son tour.

Crois-tu que le soleil frit donc pour tout le monde
Ces gras graillons grouillants qu’un torrent d’or inonde ?
Non, le bouillon de chien tombe sur nous du ciel.

Eux sont sous le rayon et nous sous la gouttière.
À nous le pot au noir qui froidit sans lumière.
Notre substance à nous, c’est notre poche à fiel.


Né à Morlaix, en 1845, Tristan y revint mourir d’une fluxion de poitrine en 1875. Il était le fils (d’autres disent le neveu) du romancier maritime Edouard Corbière, l’auteur du Négrier dont le violent amour pour les choses de mer influa sur le poète très fortement. Ce Négrier, par Edouard Corbière, capitaine au long-cours, 1832, 2 vol. in-8o, est un assez intéressant roman d’aventures maritimes. Le chapitre IV de la première partie, intitulé Prisons d’Angleterre (les Pontons), renferme les plus curieux détails sur les mœurs des prisonniers, sur les amours des corvettes avec les forts-à-bras, — en un lieu, dit l’auteur, où, pourtant, « il n’y avait qu’un sexe ». La préface de ce