Non pas rire ; cela est vulgaire : sourire : de tout, de tous, de soi-même. Il faut être très heureux pour ne jamais rire. C’est sans doute cette sérénité intérieure, cette certitude indifférente ou déjà blasée qui permet à M. Barrès de produire une œuvre en trois volumes appelée le Roman de l’énergie nationale, avec les titres de « tableaux » tels que la Justice ! l’Appel à l’épée. Cette manifestation doit-elle troubler la véritable idée que nous avons de M. Barrès dilettante, sceptique et aimable ? Il y a des moments où don Juan rêve de mariage ; il y a des moments où le dilettante songe à s’enfermer dans la prison d’une idée forte.
Ensuite, il en est des intelligences personnelles comme de ces intelligences collectives qu’on appelle des civilisations : après un long labeur vers la complexité, elles se couchent dans la sérénité de la paix conquise. Cette attitude est presque toujours belle ; plus belle que les gestes disparates de la période ascendante : le repos est plus beau que le travail. C’est le moment des amours et des enfantements, l’heure de la plus grande richesse humaine : et celui, alors, qui sous le soleil déclinant appelle la flamme de l’épée, trouble les âmes sans faire vibrer les muscles, ni son propre cœur.