nes ou de clercs pénitents, effrontées, à la manière d’Horace ou d’Ausone, si ce sont des Goliards qui ont chanté leurs amours et leurs ripailles. La poésie française la plus assurée de vivre et de plaire est celle où des âmes troublées dirent leur désir et leur peine de vivre : il y eut Rutebeuf, il y eut Villon, Ronsard et Théophile ; il y eut Vigny, il y eut Lamartine, il y eut Baudelaire et Verlaine ; il y en eut des centaines et le plus gauche à découvrir son cœur nous émeut encore après des années de cimetière ou des siècles de poussière.
En ces temps derniers on abusa un peu de cette poésie subjective. D’innombrables poètes atteints d’un psittacisme morbide et prétentieux s’appliquèrent à publier d’abondants décalques des aveux les plus célèbres : les arts d’imitation ne sont-il pas la gloire de notre industrie ? Mais rares sont les confessions où l’on ne s’ennuie à aucune redite ; rares, les hommes dont la perversité est originale, dont la candeur est nouvelle. Du nouveau, encore du nouveau, toujours du nouveau : voilà le principe premier de l’art. M. Henry Bataille s’y est conformé spontanément (c’est ainsi qu’il le faut) avec une délicate simplicité.
Ce que l’on connut d’abord de M. Bataille, c’étaient