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rie, indiscipline, fausseté, duplicité, méchanceté, etc. Cette nouvelle association d’idées peut avoir une valeur destructive ; elle n’offre aucun intérêt intellectuel.

Il ressort de l’anecdote que les idées qui nous semblent les plus claires, les plus évidentes, les plus palpables pour ainsi dire, n’ont cependant pas assez de force pour s’imposer toutes nues aux esprits communs. Pour s’assimiler l’idée d’armée, un cerveau d’aujourd’hui doit l’entourer d’éléments qui n’ont qu’une corrélation de rencontre ou d’opinion avec l’idée principale. On ne peut pas demander sans doute à un humble politicien de se faire de l’armée l’idée simple que s’en faisait Napoléon : une épée. Les idées très simples ne sont à la portée que des esprits très compliqués. Il semble cependant qu’il ne serait pas absurde de ne considérer l’armée que comme la force extériorisée d’une nation ; et alors de ne demander à cette force que les qualités mêmes qu’on demande à la force. Peut-être est-ce encore trop simple ?

Quel bon moment que le moment d’aujourd’hui pour étudier le mécanisme de l’association et de la dissociation des idées ! On parle souvent des idées ; on a écrit sur l’évolution des idées. Aucun mot n’est plus mal défini ni plus vague.