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tairement commencé, mais son activité a été provoquée. Il y a donc un subconscient qui n’est pas spontané, qui vient se mêler au conscient quand la volonté en a besoin, mais qui, peu à peu, au cours d’un travail, se substitue à la volonté. Il suffit souvent de se mettre à la besogne pour sentir que s’évanouissent une à une toutes les difficultés qui paralysaient l’effort, mais il est possible que ce raisonnement soit paralogique et que le travail ne soit précisément devenu possible que par l’affaiblissement préalable des obstacles qui se dressaient d’abord devant l’esprit. Dans l’un ou l’autre cas, d’ailleurs, il y a intervention évidente des forces subconscientes.

Comment une sensation devient-elle une image ; l’image, une idée ; comment l’idée se développe-t-elle ; comment prend-elle la forme qui nous semble la meilleure ; comment, s’il s’agit d’écriture, la mémoire verbale est-elle mise à contribution ? Autant de questions qui me semblent insolubles et dont la solution serait pourtant nécessaire à qui voudrait donner une définition précise de l’inspiration. « Pour la création originale, écrit M. Ribot[1], ni la réflexion ni la vo-

  1. Psychologie des Sentiments. — G. de Humboldt disait : « La raison combine, modifie et dirige ; elle ne peut créer, parce que le principe de vie n’est pas en elle. (Idées sur la nouvelle Constitution française.)