Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée

rues de Londres, pendant le trajet quotidien de sa maison aux bureaux de la Compagnie des Indes ; croira-t-on que cet ouvrage ne fut pas ordonné en état de conscience parfaite ? Ce qui était subconscient chez Stuart Mill c’était, dit M. Chabaneix[1], l’effort pour se guider dans une rue populeuse ; « il y a là automatisme des centres inférieurs ». Ce renversement des termes, plus fréquent que ne l’ont cru certains psychologues, peut faire naître des doutes sur la véritable nature de l’inspiration. On devra tout au moins rechercher si, à partir du moment où commence la réalisation, même purement cérébrale, d’une œuvre, il est possible que le travail demeure tout à fait subconscient. La lettre de Mozart n’explique que Mozart : « Quand je me sens bien et que je suis de bonne humeur, soit que je voyage en voiture ou que je me promène après un bon repas, ou dans la nuit, quand je ne puis dormir, les pensées me viennent en foule et le plus aisément du monde. D’où et comment m’arrivent-elles ? Je n’en sais rien, je n’y suis pour rien. Celles qui me plaisent, je les garde dans ma tête et je les fredonne, à ce que du moins m’ont dit les autres. Une fois que je tiens mon air, un autre bientôt

  1. P. 93.