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conscient continu, le divise en subconscient nocturne et en subconscient à l’état de veille. Le subconscient nocturne est onirique ou préonirique, s’il s’agit du sommeil ou des instants qui précèdent le sommeil. Maury, qui en était particulièrement affligé, a traité avec soin des hallucinations qui se forment au moment où l’on ferme les yeux pour s’endormir ; on ne voit pas que ces hallucinations appelées hypnagogiques, et qui sont presque toujours visuelles, puissent avoir une action spéciale sur les idées en travail dans un cerveau ; ce sont des embryons de rêves qui n’influencent qu’à la manière des rêves le cours de la pensée. Il arrive que le travail conscient du cerveau se prolonge durant le rêve et même se parachève et qu’au réveil, sans réflexion, sans peine, on se trouve maître d’un problème, d’un poème, d’une combinaison que l’esprit, dans la veille, avait été impuissant à trouver. Burdach, professeur à Koenigsberg, fit en rêve plusieurs découvertes physiologiques qu’il put ensuite vérifier. Un rêve fut parfois le point de départ d’une œuvre ; parfois une œuvre fut entièrement conçue et exécutée pendant le sommeil. Il est cependant fort probable que c’est la raison consciente qui, au réveil, jugeant et rectifiant spontanément le rêve, lui donne sa véri-