la foi, de coupes de miel, qui ne furent certainement pas inventés par elle, non plus d’ailleurs qu’aucune partie de son style relavé ; mais les eût-elle imaginés, « ces tropes décrépits, » qu’ils n’en seraient pas meilleurs. Il me semble bien que la coupe aux bords frottés de miel remonte aux temps obscurs de la médecine préhippocratique : les clichés ont la vie dure ! M. Albalat note avec raison « qu’il y a des images qu’on peut renouveler et rajeunir ». Il y en a beaucoup et parmi les plus vulgaires ; mais je ne trouve pas qu’en appelant la lune une « morne lampe », Leconte de Lisle ait rafraîchi très heureusement la « lampe d’or » de Lamartine. M. Albalat, qui prouve beaucoup de lecture, devrait essayer un catalogue des images par sujets : la lune, les étoiles, la rose, l’aurore et tous les mots « poétiques » ; on obtiendrait ainsi un recueil d’une certaine utilité pour la psychologie verbale et l’étude des sentiments élémentaires. Peut-être saurait-on enfin pourquoi la lune est si chère aux poètes ? En attendant il nous annonce son prochain livre : « La formation du style par l’assimilation des auteurs, » et je suppose que, la série achevée, tout le monde écrira très bien et qu’il y aura dorénavant un bon style moyen en littérature, comme il y en a un en peinture et
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