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thographe est la même, mais plus régulière ; la syntaxe est la même, mais plus souple. D’ailleurs, à côté de l’orthographe anglaise, ce résumé de toutes les incohérences, toutes les orthographes, même la française, apparaissent cristallines.

Mais je ne professe pas tout à fait les idées communes sur les obstacles qu’apporté en une langue la complication de son orthographe. Les mots dont l’épellation est la plus anormale sont précisément ceux qui se gravent avec le plus de netteté dans la mémoire. Personnellement j’aurais moins d’hésitation sur l’orthographe anglaise que sur l’italienne, et pourtant autant l’une est démente, autant l’autre est raisonnable. Comment oublier que Brougham se prononce Brôme ou que viz se lit nameley : N’exagérons pas cependant l’attrait de ces chinoiseries. Il en est un peu de la facilité de l’anglais comme de la supériorité des Anglais. C’est un bruit qui courra tant, qu’il aura de bonnes jambes. Une langue très utile est beaucoup plus facile à apprendre qu’une langue de luxe. La difficulté, la vérité, la beauté, autant de valeurs relatives. Il ne faut donc pas trop se fier aux petits graphiques amusants que l’auteur a fait graver à la fin de son article pour conquérir l’aveu immédiat