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ôterons des baleines au corsage pour que le profil soit plus pur de la poitrine plus libre, mais non afin de favoriser les mains grossières.

La langue de Victor Hugo n’est pas un volapuk qu’il soit permis de vouloir accommoder au goût des sauvages comme une fabrication de cotonnade. Il ne paraît pas d’ailleurs qu’il y ait, malgré la logique, le moindre rapport vrai entre la difficulté du français et sa présente inertie d’expansion[1]. Le français est-il plus difficile aujourd’hui qu’il y a un siècle ? Loin de là ; il l’est beaucoup moins par l’abondance des excellentes méthodes répandues dans le public, par l’abondance aussi des livres à bon marché. L’or-

  1. Il ne faut pas trop appuyer sur cette inertie. L’auteur de la « Guerre des langues » a lu dans les journaux qu’une école commerciale de Rotterdam a rayé de son programme le cours de français ; il transforme cette école unique en « certains établissements pédagogiques… » et pousse une hargneuse allusion à l’Affaire… La langue française est fort répandue en Hollande ; moins ou plus qu’hier, c’est une question difficile à résoudre, mais il est manifestement absurde d’écrire : « Les Hollandais s’éloignent de plus en plus de notre langue et de notre littérature ». Pour permettre d’apprécier la question, — et la bonne foi du pamphlétaire, nous donnons en appendice, une pièce justificative. — De temps en temps les journaux (encore !) nous informent que le français va disparaître à Jersey. Or, il y a vingt ans la connaissance de l’anglais était absolument indispensable à Jersey ; aujourd’hui le français suffit. Je me suis fait rapporter l’an passé la collection des carres et prospectus distribués aux étrangers, et tous sont en français. J’ai été surpris. Mais l’Angleterre est un si prodigieux laboratoire de mensonges. Il faudrait vérifier la moindre information avant d’en faire état.