Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/308

Cette page n’a pas encore été corrigée

La France périra ainsi ou de toute autre façon, mais elle périra, et tout périra. Cependant, cette part faite au prophète pessimiste qui vaticine en tous les hommes désabusés d’aujourd’hui, il n’est pas inutile de se livrer à quelques réflexions d’un autre ordre, moins amères et plus vérifiables.

Si l’influence linguistique de la France a diminué, surtout depuis trente ans, on n’y peut voir qu’une cause, et cette cause est toute politique. Les peuples ont besoin de savoir la langue du plus fort ; dans cette force, la littérature est un appoint, elle n’est que cela. Le patronage littéraire de la France s’étend encore aujourd’hui sur la plus grande partie du monde civilisé ; il.

    avoir trop de mollesse : reste le français, la langue où se fondent l’énergie et la douceur. Et Hugo continua, poursuivant son idée : — Si Byron n’avait parlé qu’anglais il n’aurait rencontré partout que des gens qui ne l’auraient pas compris ; car, en dehors des Anglais, qui connaît cette langue absurbe ? — Mais quand l’Europe s’avisera-t-elle que tout le monde doit apprendre le français ? — Qui sait ! Peut-être dès le lendemain de la chute de M. Bonaparte. Alors, en un clin d’œil nous aurons la République. — Et puis ! — Les républicains français tendront la main aux Allemands. Ceux-ci chasseront leurs nombreux princes… les douanes seront supprimées, etc ».