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l’on entend un peu, mais qu’on ne parle pas. Il écrivait cela il y a vingt-sept ans, mais les journaux, plus répandus, n’ont guère modifié les habitudes populaires ; on peut toujours compter qu’en France sur trois personnes il y en a une qui ne lit que par hasard un bout de journal, et une qui ne lit jamais rien. A Paris, le peuple a de certaines notions sur le style ; il goûte surtout la violence et l’esprit : cela explique la popularité bien plus littéraire que politique d’un journaliste comme M. Rochefort, en qui les Parisiens ont longtemps retrouvé leur vieil idéal : un tranche-montagne spirituel et verbeux.

M. Rochefort est d’ailleurs un écrivain original et l’un de ceux qu’on devrait citer d’abord pour démontrer que le fond n’est rien sans la forme : il suffit de lire un peu au delà de son article. Cependant, nous sommes peut-être dupes ; voilà bien un demi-siècle que nous le sommes de Mérimée, dont M. Albalat cite une page à titre de spécimen du style banal ! Allant plus loin, jusqu’à son jeu favori, il corrige Mérimée et propose à notre examen les deux textes juxtaposés ; en voici un morceau :