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miroir même de Narcisse, et sans lequel il serait ignoré éternellement. Il s’aime, parce qu’il s’est vu ; on se voit dans un miroir, dans des yeux, dans le lac de la pensée extérieure. Tel Narcisse intellectuel, contenté par un auditoire composé d’une femme qui fait semblant d’écouter, s’épandrait moins s’il n’avait pour confidents que les arbres de la forêt, ou Mnémosyme, plâtre pourtant indulgent. Mais, à défaut de l’objet-pensée, Narcisse s’amuse encore à interpeller la patience muette des rochers et la bruissante sympathie des arbres ; il écoute, il a créé Echo. Echo est la pensée en laquelle il peut vivre : il la nie et il meurt[1].

ou porion [b] — il faut que la fleur soit

cueillie. Nous l’entremêlerons à l’hyacinthe, au lys, au lychnis, au lierre, et nous en couronnerons nos amies à l’heure de nos festins métaphysiques [c] :

           Hederae Narcissique ter circumvoluto circulo
           Tortilium coronarum…

Et nous jouerons à les orner d’inédites et touchantes grâces.

— Tu vero admodum variam e floribus coronam gestabis mollissimam, suavissimam.

— Summe Jupiter, illam habentem, quis osculabitur

Oui, qui baisera sur la bouche la reine du jeu ? ]

[Note a : Commentaires de Philostrate, Tableaux (Paris, 1620, in-folio).]

[Note b : Commentaires d’Athénée, Deipnosoph. (Paris, 1598, in-folio).]

[Note c : Citation d’Athénée, édit. gr. lat. (Ibid.)] ]

Le Narcisse raisonnable et logique ne s’inquié-

  1. Et devenu fleur, si nous attendons jusque-là, œillet-Notre-Dame [a