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Ceci admis, et constatée d’abord (malgré la contradiction des termes) la subjectivité de l’objet, je songe à pousser plus loin l’analyse.

Laissant le moi qui m’est connu (au moins par définition), je veux, pour m’instruire et savoir comment et par quoi je suis limité, étudier l’objet c’est-à-dire l’hypothèse du monde extérieur ; l’objet se mêle à moi, mais à la manière de l’eau qui entre dans le vin, en le modifiant, et une telle modification ou même moins négative, ou même positive, ne peut me laisser indifférent.

Je suis donc limité, ou modifié, — et j’admets encore à priori cette limitation, sans toutefois préjuger si elle m’est imposée ou si je me l’impose moi-même par une loi de mon organisme psychique ; j’admets l’objet ou monde extérieur ; j’admets que, inexistant et projeté hors de moi par moi, il soit néanmoins la cause hypothétique de ma conscience, — bien que lui-même causé par ma conscience ; j’admets cela, car Homunculus, créé dans ma cornue, surgit et me tient tête ; — et il parle !