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Or, sans être pourtant le disciple de la prudence philosophique qui, arrivée au croisement de deux routes, s’assied et se demande : vers quel point cardinal reprendrai-je ma promenade, quand je me serai bien reposée ? je me suis assis, comme elle, au croisement des deux routes, et, ayant réfléchi, je résolus de ne suivre aucune des routes frayées, et de m’en aller à travers champs.

En somme, tout en ne répugnant ni à l’une, ni à l’autre des deux conséquences que j’ai dites, — car elles pouvaient être nécessaires et inéluctables — j’ai songé que peut-être elles n’étaient ni nécessaires, ni inéluctables, soit en métaphysique, soit en politique, soit relativement à notre conduite privée dans la vie, lorsque, mus par l’absurde besoin de logique qui nous tyrannise, nous souhaitons de mettre notre vie d’accord avec nos principes.

(Il serait si simple de mettre nos principes d’accord avec notre vie.)

On trouvera peut-être, malgré mes affirmations, que je me contredis ; mais les jugements, quoique j’aie besoin, autant que nul autre, de la sympathie humaine, me troublent peu. D’ail-