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jamais songé à entrer en littérature ; l’état ridicule d’un écrivain réduit à gagner sa vie ne peut plus séduire un homme bien né ; et même je ne suis pas éloigné de croire que tous ces poètes pauvres de jadis (histoire ou légende) ne se trouvèrent que par incapacité intellectuelle dans la nécessité de préférer la gloire au coffre et la triste fréquentation des Muses à une solide installation dans la vie. Ce qui me confirme dans cette opinion, c’est que tous les jeunes gens que j’ai vus débuter depuis cinq ou six ans ont, de leur propre aveu, choisi la littérature comme on choisit un commerce agréable et lucratif, et nullement par vocation : dénués, ils auraient évité un état qui exige, pour être exercé avantageusement, des capitaux. De ceux qui vivent sur le Parnasse en solitaires ou en libres vagabonds, je ne m’occupe pas ; vous n’êtes pas exposé à les rencontrer dans le monde où vous devez évoluer ; c’est toute une littérature, l’Autre Littérature, dont il est malséant même de parler.

                                   IV

Quelles doivent être vos lectures ? Sérieuses et variées. Vous lirez tous les livres qui ont eu du