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sensations ne s’accordent que très peu et très mal ; nous n’avons aucun moyen sûr, que peut-être le silence, pour exprimer nos pensées. Que de circonstances dans la vie, où les yeux, les mains, la bouche muette sont plus éloquents que toutes paroles[1] !


                                   IV


L’analyse de M. Albalat est donc mauvaise, n’étant pas scientifique ; cependant, il en a tiré une méthode pratique dont on peut dire que si elle ne formera aucun écrivain original, — il le sait bien lui-même, — elle pourrait atténuer, non la médiocrité, mais l’incohérence des discours et des écritures auxquels l’usage nous contraint de prêter quelque attention. Cela est d’ailleurs indifférent ; ce manuel serait inutile, plus encore que je ne le crois, que tel et tel de ses chapitres garderaient leur intérêt de documentation et d’exposition. Le détail est excellent ; et voici par exemple les pages où il est démontré que l’idée est liée à la forme et que changer la

  1. On essaiera quelque jour, dans une étude sur le Monde des mots, de déterminer si les mots ont vraiment une signification, c’est-à-dire une valeur constante.