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dans des conditions si nouvelles qu’une nouvelle morale leur fut nécessaire. La vieille opposition entre la virginité et la turpitude, basée sur des conceptions purement théologiques, disparut ; tout acte sexuel devenant dangereux et la virginité n’étant pas moins dangereuse, de son côté, par ses conséquences négatives, il fallut trouver un compromis. L’instinct social, d’accord, et d’avance, il est juste de le reconnaître, avec les conclusions futures des hygiénistes, plaça ce compromis dans le mariage, qui se trouva tout à coup honoré, après trois siècles de dérision. Cela n’apaisa pas le bouillonnement des mauvaises mœurs ; mais le péril qu’on y courait déconsidéra la liberté qui en faisait l’attrait. La réserve des filles devint extrême ; elles apprirent inconsciemment à changer en minauderies pudiques la mimique de la peur ; peu à peu elles se dupèrent sur la cause de leur vertu, puis elles l’oublièrent, et vint un moment où la chasteté des femmes fut attribuée avec ingénuité ou à l’influence de la religion ou à une sorte de divinité occulte, à on ne sait quel raffinement sentimental.

Le motif initial de la nouvelle morale sexuelle agit toujours à notre insu. Il est de tradition administrative d’encourager les musées de figures de cire qui détaillent les conséquences de la