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sont médiocres, ces professeurs de sexualité, à peine moins qu’un Meursius ! J’ai lu presque tous ces livres (oh ! que la chair est triste) et je n’en ai pas rencontré un seul qui m’apprît quelque chose de nouveau, quelque chose qu’ignorerait un homme qui a vécu et qui a regardé la vie des autres hommes. Il y a quelques années, on poursuivit devant les tribunaux le travail d’un certain docteur Moll, qui avait traité ce sujet galant, les « perversions de l’instinct sexuel », et cela parut ridicule, car les plus fortes révélations du savant homme étaient déjà dans Tardieu, et avant Tardieu dans Liguori, et avant Liguori dans Martial et dans les Priapées, et ainsi de suite jusqu’au commencement du monde. Si, aux derniers siècles, la littérature grave est peu abondante sur ces matières, réservées à l’arrière-boutique des libraires voués à la place de Grève, c’est qu’on savait le latin et que l’antiquité subvenait aux curiosités ; c’est aussi que la sodomie était tenue pour un crime capital et que le saphisme, au contraire, semblait à nos ancêtres indulgents le passe-temps naturel des filles sages. Au XVIIe siècle, il était avoué et entré dans la galanterie des précieuses. Il faut la grossièreté provinciale de la Palatine pour injurier à ce propos la vertueuse Maintenon. On appelait cela « un