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une forme de la thérapeutique ; mais elle va plus loin et guérit des maux plus obscurs et avec des moyens plus naïfs que la médecine naturelle. Elle guérit même la vague inquiétude spirituelle des âmes simples ; et cela est très beau. Tous les moyens lui sont bons, soit ; mais ce qui est utile à un homme sans nuire aux autres hommes n’est jamais mauvais.

Railler la superstition religieuse ou la maudire, c’est avouer que l’on fait partie d’une secte, au moins secrète. A une certaine hauteur au-dessus des psychologies moyennes on regarde comme des faits du même ordre le Pater Noster et l’Oraison à Sainte Apolline contre le mal de dents. Dès qu’il y a croyance, il y a superstition. Il faut s’accommoder de cela et ne pas essayer de limiter l’absurde. Quand Luther, après avoir consulté les saintes écritures, déclare qu’il n’y a que trois sacrements, il parle en pauvre homme. Il compte les cailloux que le Petit Poucet avait dans sa poche et suppute s’ils étaient de granit ou de pierre meulière. La rose qui parle est-elle thé ou mousse ? C’est à des problèmes de cette importance que se rapportent toutes les batailles religieuses ; ou de quels joyaux était l’aigrette de la Huppe ?

Le catholicisme populaire a regagné dans le