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qui s’est substitué à Calchas dans le même office. Le Mont Cassin jadis fréquenté par Apollon Python sert maintenant de retraite à S. Martin, autre tueur de monstres. A Meta, une Vierge guérisseuse continue au peuple les soins qu’il recevait jadis de Minerva Medica. En général, comme l’a démontré M. Marignan[1], les pèlerinages aux tombeaux des saints sont la continuation directe des pratiques du culte d’Esculape ; mais par la force du principe d’utilité, sans lequel aucune religion ne peut vivre, bien d’autres dieux qu’Esculape furent guérisseurs et, d’autre part, c’est la Vierge Marie qui, très fréquemment, a succédé à ces divinités bienveillantes : ainsi encore à Cos, où le peuple a retrouvé avec joie en une N.-D. du Perpétuel-Secours, la pitié des Asclépiades[2].

Il y avait, au sommet du mont Vergine, près de Naples, un sanctuaire célèbre de la Bonne Déesse ; c’est encore la Vierge qui reçoit les cinquante mille pèlerins qui gravissent tous les ans à la Pentecôte la colline sacrée.

Sur le golfe de Tarente, il y avait dans les pays anciens un temple dédié à Héra, célèbre parmi toute la colonie grecque qui y venait en

  1. La Médecine dans l’église au VIe siècle ; Paris, Picard, 1887.
  2. Cf. la préface des Mimes d’Hérondas, trad. de P. Quillard ; Paris, Mercure de France, 1900.